Yanvalou évoque une transe…un passage, mais aussi un besoin d’exulter. Yanvalou, comme une référence invocatoire, invite à la danse, comme à l’entrée en symbiose… Car, ondes et vibrations s’alternent dans les langues et les thèmes représentés. Si la cohérence tient de la forme d’expression, la poésie et de la préoccupation dominante lyrique, elle tient tout aussi bien, dans cet esprit de révolte, de la contestation contre tout naturalisme, contre le mal- être que couverait un spleen débordant, mêlé à une sensualité sans détour.
Cet art de la révolte, à mon sens, prend trois formes : Premièrement, une rupture diachronique dans le répertoire et la tonalité, manifestes d’un esprit décadent. Ainsi l’affirmation du poète se profile dans cette assertion du sujet, dont l’ultime expression artistique reste la forme poétique.
Deuxièmement, une sublimation de l’environnement immédiat, opérée dans une atmosphère d’énigme et d’ambigüité: l’eau, la terre, les sens. Ce que j’essaye de dégager, c’est l’élaboration, dans la dispersion, d’une esthétique, libérée de tout maniérisme, de toute inféodation : pluralité de tons, irrévérence et affront aux deux langues. On est tenté de croire ou d’anticiper tout au moins, de découvrir le particularisme d’une pratique poétique singulière. Souchée et nourrie de Davertige et de Castera, la lyre de Casséus continue son errance chez les symbolistes. Ainsi, s’affiche un système littéraire qui se construit de l’intérieur par cette alchimie des mots, de sons, de couleurs, et même de senteurs, pour offrir un ensemble de métaphores, de symboles qui s’ouvrent sur le monde sans oser le révéler.
Troisièmement, un souffle lent à l’épuisement; il naît de l’intérieur, d’un sublimé qui ne se nomme pas. La référence à Elsa enlève tout doute sur la flamme incantatoire qui nourrit les virtuosités du désir exprimé et sur la panoplie des nuances qui exprime: moiteur, source, humidité… Une nonchalance qui suit son cours, nourrie pourtant d’une turbulence originelle que l’ombre de Lobo et de Frankétienne rallume au passage, à l’allusion, à la charge. À la source originelle, est la moiteur des sens, la fraîcheur et l’ondulation des transes, pour inviter au dialogue: le rituel aux loas, comme à la danse. Yanvalou est une âme, un désir, un repère.
Ondes, turbulences, jaillissements! Pourtant la sacralité associée à cette errance évocatoire laisse entrevoir une piété, une révérence à l’objet/sujet du désir ardent. C’est dire que cette palette allusive, est héritière d’un savoir éprouvé, tout aussi d’un être rompu aux préceptes divins : Yanvalou est une ode, une quête, une restitution!