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L’HAITIZ de tous les possibles la plus belle des radios
Ansy Dérose, une voix et des textes Rédaction
Ansy Dérose, cette voix chaude et enveloppante de baryton, est un monument de la chanson en Haïti. C’est lui qui a adapté en 1986 notre hymne national, « La Dessalinienne », dans la langue du peuple haïtien, le créole. Seulement pour cet acte, il s’installe comme une légende dans notre imaginaire.
Depuis le 18 mai 1986, date à laquelle le ministère de la Culture et de l’Information avait consacré et vulgarisé la version créole de ce chant qui symbolise Haïti, plusieurs stations de radio, sous le coup de huit heures, mettent un point d’honneur à saluer la montée du drapeau avec la voix d’Ansy Dérose.
La plume de ce créateur au multiple talents (poète, compositeur, musicien, chanteur, peintre, décorateur, architecte, mécanicien…) a arpenté l’histoire d’Haïti et notre réalité quotidienne. Elle nous a amené au temps primordial de l’île, aux premiers matins du royaume d’Anacaona.
« Quand le Bondieu était petit
il désirait un joyau de pays
alors il créa Haïti
le soleil et l’amour
il fit plus tard ces hommes rouges
et leur confia son paradis
mais ces intrus venus de loin
les tuèrent sans pitié
on se souvient de ce cacique
de cette reine la plus belle qu’on a trahie
qu’on a tuée sans une larme
mais elle renaît de son sommeil
cette âme qu’on a nous a ravie
la souveraine d’Haiti ».
L’histoire des Taïnos est la nôtre. Sous la plume du poète, elle rappelle que nous avons partie liée avec les premiers habitants d’Haïti. Au regard du passé, la tragédie qui nous enserre dans un goulot d’étranglement a commencé en 1492, année où Christophe Colomb a foulé le sol de cette île qu’il baptisa Hispaniola, autrement dit, petite Espagne.
L’épouvante sans fin sur notre terre hantée de cauchemar, de fracas de l’histoire et les atrocités de l’actualité s’est cristallisée dans ces vers percutants frappés d’une sonorité inoubliable :
« Ayiti w fin dezakòde
W ap jwe yon Do ki domaje
W ap jwe yon Re defigire
W ap jwe yon Mi an mizerab
W ap jwe yon Fa, yon Fa fatal
W ap jwe yon La an delala
W ap jwe yon Si si kou sitwon ».
Ansy Dérose est un barde national. Il est sur tous les terrains. Corps et âme, il défend les intérêts supérieurs de la nation. Quand l’image d’Haïti est foulée aux pieds, traînée dans la boue, stigmatisée, il monte au front. La chanson « FDA w anraje », amplifiée sur un rythme racine, est un cri pour dire à l’Occident que c’est déraisonnable et délirant d’attribuer la source du virus mortel qui attaque le système immunitaire du corps humain à Haïti.
« Peche sida nou pap pote l
Fado sida nou pap pote l
FDA w anraje
Ou vle kraze n
Ou vle touye nou
Pou ka pran tè nou
Pran mistè nou… »
À la suite de plusieurs marches aux Etats-Unis dans les années nonante (Washington, New York, New Jersey, Boston, Miami, Orlando…) le sigle stigmatisant a été remplacé par SIDA qui signifie syndrome d’immunodéficience acquise.
En dépit de toutes les offenses, angoisses, douleurs d’un pays qui traversent cet être sensible, l’espoir luit dans le verbe qui se fait harmonie dans la chanson qui nait dans le cœur du poète.
« Nou vle pou peyi nou chanje ak diyite
Pouki pou nou kopye sa lòt kote fin rejete
Nou vle pou peyi nou vin bèl vin dous pou pitit li yo».
Ces paroles fondent tout un programme. Elles orientent sur les rails d’un pays à construire pour le bonheur de tous ceux qui habitent cet espace. Le tempo du refrain cadence dans l’harmonie du vivre ensemble et du dépassement de soi :
« Ansanm, ansanm n ap antere tout vye manyè nou
Ansanm, ansanm n ap netwaye konsyans ki sal yo».
Un cheminement de pensée fondé sur le patriotisme s’exprime avec passion dans le corpus de textes qu’Ansy Dérose, le prince de la chanson haïtienne, a commencé à écrire depuis son premier album « Ansy, sa musique et sa poésie » paru en 1972. Tous les morceaux de l’artiste célèbrent, dans la pureté d’un amour, avec toute la sève de son génie, la terre qui l’a vu naitre et croitre.
« Ou se solèy
Ou se limyè
Ou se tanbou nan kè mwen
Ou se mapou
Ou se lanmou
Ou se vodou zantray mwen
Ou se badji
Ou se maji m
Ou se zanmi m, peyi mwen
Ayiti se yon melodi damou ».
En relisant les paroles qui exaltent dans la fluidité du rythme et des images, les sentiments d’Ansy Dérose pour son pays, nous découvrons des pépites. Tous nos écoliers devraient avoir à leur portée ces textes qui chantent Haïti avec un rare talent lyrique.
Comment ne pas laisser monter en nous cet hymne à la femme. Tout un bouquet arc-en-ciel s’épanouit dans la gloire de chanter l’amour à la hauteur des femmes de toutes les strates de notre société.
« Tout fanm lan peyi m
Ke l marabou, ke l milatrès, ke l se nègès
Tout se bèl fanm
Ki san woujalèv, san makiyay s on rèn solèy ki pot chalè
Ki konn travay, ki konn renmen, ki konn soufri
Se fanm lagè, fanm d’Ayiti».
Pour célébrer la beauté de la femme haïtienne, Ansy s’est surpassé. Dans la distribution des strophes souffle un talent merveilleux de poète. L’artiste chante la vie vêtue des couleurs tropicales. Il aurait pu répéter après Euripide : « Ce n’est pas la beauté de la femme qui ensorcelle, mais sa noblesse. »
Ansy Dérose est né à Port-au-Prince le 3 juin 1934. Un samedi du 17 janvier 1998, ce monument national au multiple talent est parti pour l’autre monde, fauché par un cancer.
Nous pouvons redécouvrir Ansy Dérose à travers plusieurs médias sur Internet comme nous l’avons fait pour revivre la magie des textes d’un poète porté par une voix vibrante d’une fibre patriotique déployée sur une musique à nulle autre pareille
Texte : Claude Bernard Sérant
Voix : Intelligence Artificielle (IA)
Written by: Rédaction
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