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La « Haitian Music Industry (HMI) » un mythe tous azimuts

todayJune 5, 2023 191 5

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Par Jean Venel Casseus

Au début des années 2000, je questionnais déjà, dans certains milieux, le nom d’une société de production et d’événementiel musical, en vogue à l’époque : Konpa Factory. A mon humble avis, cette dénomination était problématique. Plus qu’une simple appellation , on introduisait dans le milieu un nouveau concept, un nouveau paradigme : appréhender l’expression artistique qu’est le « Compas Direct » comme un élément de production de masse ?

 

Certes, Konpa Factory de Youri Chevry, Achille Desamours et Woodly Ethéart (Sonson Lafamilia) fut enregistré officiellement aux USA, en janvier 2004, il faut, cependant, considérer la parution en 2001 de l’album “La Familia” par Djakout Miizik comme l’acte de notoriété de la schématisation et la matérialisation de la vision Konpa Factory : la cash-music à tout prix.

 

Dans les médias, dans les clubs, dans les rues…, depuis, se référant au secteur musical haïtien dans son ensemble, toute notion relative à l’art est subordonnée à celle de business. Ainsi, le musicien-créateur se trouve contraint de se métamorphoser en musicien-artisan. Ainsi, ce dernier est devenu un professionnel mécanique de l’industrie au même titre qu’un avocat ou un comptable. Il ne crée plus mais exécute des accords de tendance. La conséquence ultime, depuis, est que : “tout dyaz konpa pratikman sonnen menm jan”.

 

Loin de vouloir faire le procès de l’argent contre l’art, il me paraissait essentiel d’introduire cet angle de lecture, avant de tenter d’esquisser, voire d’établir, ce que je concevrais comme des éléments incontournables de l’industrie musicale haïtienne (HMI).

La musique comme élément du secteur culturel

Il faut savoir que la musique est un sous-secteur du secteur culturel. Ce sous-secteur est composé fondamentalement de deux éléments : (1) la création musicale et (2) l’industrie musicale. Les confondre serait un sacrilège !

 

À la création, se trouvent, exclusivement, les artistes, c’est-à-dire les musiciens, les paroliers, les arrangeurs, les sound designers… Ils sont dans la manifestation de l’expression artistique, de l’esthétique, de l’originalité, loin des coupoles des études de marché. Les créateurs de musique sont parmi les gardiens de l’âme, du soul, haïtien. Ils ont le devoir d’en extraire, comme les peintres, les sculpteurs et les poètes, des souffles originaux et distinctifs, sans coup férir.

 

Dans l’industrie, on trouve les entreprises et les agences qui produisent, enregistrent, publient, distribuent et commercialisent la musique : les maisons de disques, les studios d’enregistrement, les producteurs, les distributeurs, les agents de talent, les organisateurs de spectacles, les médias traditionnels, les plateformes de streaming...

 

En d’autres termes, la création musicale s’inquiète seulement, uniquement, des idées, des sens, donc de la culture comme manière d’être, pour produire des œuvres originales, tandis que l’industrie musicale regroupe l’ensemble des activités économiques autour de ces œuvres originales. Inévitablement, ces deux composantes du sous-secteur musical sont co-dépendantes. Le seul et grand danger c’est quand l’industrie veut dominer ou vassaliser la création pour la transformer en machine.

Quid de l’industrie de la musique haïtienne ?

La création musicale haïtienne est aussi ancienne que la nation haïtienne. De Manzè Phémie (1803) à Tafa (2023), l’expression artistique musicale haïtienne est noble, multicolore et riche. L’industrie musicale haïtienne, quant à elle, est en mal de constitution depuis les années 1920. Est-ce par manque d’organisation, de volonté politique ou de savoir-faire ? Peut-être. Pour le moment, il est certainement osé d’invoquer la notion « d’Industrie de Musique haïtienne. 

 

Les piliers indispensables d’une industrie musicale, partout au monde, sont :

 

  • Les sociétés de production de musique enregistrée
  • Les sociétés de production de musique en live
  • Les agences de promotion et de distribution musicale
  • Les bureaux de gestion des droits d’auteur et des licences,
  • Les boutiques de vente de produits dérivés.
  • Les instituts d’études et de statistiques
  • Les centres d’archives, de documentation et de recherche.

 

Aujourd’hui, il existe un grand nombre de compagnies haïtiennes pour la musique enregistrée et les performances en direct. Les médias haïtiens se sont fortement impliqués, depuis toujours, dans la promotion des œuvres musicales. Les plateformes numériques offrent, notamment à la nouvelle génération, des perspectives et opportunités inédites de distribution. Mais qu’en est-il des instances préposées à la gestion des droits d’auteur, des licences, des boutiques de vente de produits dérivés ? Où sont les instituts de recherche et de collecte de données, les centres de documentation et d’archives ?

 

En fin, disons-le franchement, le sous-secteur musical haïtien affiche un manque de science rendant sa composante industrielle quasi nulle. Sans cette science, la musique haïtienne restera pour longtemps sur le pavé. 

 

Ceci étant dit, parler de “Etchèmay”, revient donc à vouloir énoncer beaucoup sans rien dire.

Written by: Rédaction

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